Crise des médias: quel est le portrait dans Lanaudière?

La situation des médias au Québec fait couler beaucoup d’encre cette semaine. Le groupe Capitales Médias, regroupant plusieurs journaux quotidiens régionaux, est en grave difficulté financière. Le nombre de lecteurs est important, mais les revenus publicitaires sont en baisse, étant grugés par les géants du web. Ces géants du web utilisent les contenus de nos médias mais ne redistribuent pas les profits qu’ils font à l’aide de ces contenus. Les créateurs de contenu d’actualité ne reçoivent donc pas leur juste part pendant que les Facebook de ce monde s’enrichissent sur leur dos.

Si certaines régions du Québec ont vu tous leurs médias régionaux fermer et n’ont ainsi plus aucune couverture locale, ce n’est heureusement pas le cas dans Lanaudière. Les Lanaudois peuvent compter sur plusieurs stations de radio, journaux hebdomodaires, sites web d’actualité et télévisions communautaires. La plupart de ces médias se sont bien adaptés à l’ère numérique, sont là pour rester et n’ont pas besoin d’une aide financière d’urgence, mais aimeraient que les géants du web fassent leur juste part et que le gouvernement achète de la publicité et diffuse ses messages d’intérêt public dans les médias locaux et non pas uniquement dans les médias des grands centres.

Le M103,5 appartient à Arsenal Média, un groupe regroupant une quinzaine de stations de radio dans des marchés régionaux, mais aussi des sites web d’actualité, une boutique en ligne et des services de production audio. Certaines des stations achetées par Arsenal Média étaient très peu rentables. En rehaussant et modernisant la programmation et en se déployant sur le web, toutes les stations d’Arsenal Média sont maintenant rentables et peuvent jouer un rôle important dans leurs marchés respectifs.

On écoute le président, Sylvain Chamberland:

Il se prononce donc contre une aide d’urgence ponctuelle à certains médias spécifiques, mais aimerait qu’une régie publicitaire soit créée pour s’assurer que tous les médias régionaux puissent bénéficier des publicités gouvernementales et non pas seulement les médias des grands centres. Il dénonce aussi le fait que le gouvernement dépense beaucoup d’argent en publicité sur les médias sociaux mais pratiquement rien du tout dans les médias régionaux.

La radio est régie par le CRTC, un organisme fédéral. Nous devons gérer des règles désuètes datant des années 90, soit bien avant l’explosion du numérique. Interrogée à ce sujet lors de son passage à Joliette, Mélanie Joly a affirmé qu’une modernisation du milieu de la radio était à venir:

Nous l’avons aussi questionnée sur la pertinence des quotas nous imposant de diffuser 65% de musique francophone. Nous voulons encourager nos artistes francophones, mais nous voulons aussi demeurer compétitifs alors que les gens ont facilement accès à une quantité illimitée, sans quotas. Le principe des quotas de musique francophone est tellement désuet qu’il date du millénaire précédent!

Pour ce qui est des autres médias de la région, la télévision régionale des Moulins fait face à des défis particuliers. Sylvain Racine nous explique qu’ils n’ont pas le droit à la publicité commerciale.

Ils ont investi beaucoup pour s’adapter à l’ère du numérique, mais cela ne leur apporte pas des revenus de plus.

Ils aimeraient eux aussi que les grands noms du web qui utilisent leur contenu pour faire du profit fassent leur part.

Ils font face aussi à un autre défi. Ils sont diffusés uniquement sur Vidéotron mais pas sur Bell, perdant ainsi près de la moitié de leur marché potentiel.

Du côté du Journal L’Action, on affirme être là pour rester. Comme l’ensemble du milieu de la presse écrite, Stéphane Joseph nous explique toutefois que les revenus publicitaires sont à la baisse, et ce, même si le nombre de lecteurs demeure élevé.

Le fait que certaines municipalités (pas toutes) aient cessé de diffuser leurs avis publics dans le journal n’aide pas.

Ils ont entrepris avec succès le virage numérique bien avant que Facebook ne soit aussi dominant.

On ne peut donc certainement pas dire qu’ils n’ont pas su s’adapter.

Du côté du journal web La Plume libre de Montcalm, voici ce que Gilles Dubé nous a répondu:

« Étant un média sur le web seulement, j’utilise grandement Facebook.

Notre modèle d’affaires est bien différent des radios, télévision et médias écrits. De plus, personnellement je suis assez contre les aides gouvernementales, donc je me verrais mal essayer de m’en approprier !

Dans un sens, les Facebook, Google etc. ont déjà pris une place trop importante, il faudra vivre avec. Vous me direz que ce n’est pas facile, j’avoue que vous avez raison.

Mais veut-on être dépendant des gouvernements, pas certain!

Je préfère me fier sur ma communauté »

En terminant, nous souhaitons que la population de Lanaudière puisse continuer à être informée sur les enjeux régionaux par l’ensemble de cette diversité de médias présente sur le territoire.