« Oleksandra est un cadeau du ciel »

Oleksandra Matveychuk, la directrice générale de Harnois Irrigation, Danielle Harnois et le conseiller Victor James.

Danielle Harnois est catégorique : l’arrivée de l’Ukrainienne Oleksandra Matveychuk est un ajout inestimable pour son équipe de Harnois Irrigation.

Dans un contexte difficile de main-d’œuvre, la directrice générale de l’entreprise, basée à Saint-Thomas, a fait des pieds et des mains pour tenter de combler les postes disponibles. D’ailleurs, cela fait maintenant sept ans qu’elle fait du démarchage en Ukraine auprès des ambassades, du ministère de l’Agriculture ainsi que les instituts de recherche en irrigation.

« J’ai eu la chance d’aller visiter des clients ayant des fermes, donc je suis très sensible à ce qui se passe là-bas. Chaque fois que je vois des images d’immeubles à logements endommagés, je trouve cela encore plus douloureux, car lors de mes séjours, j’ai résidé dans ceux-ci. C’était mon choix. Je voulais sentir le pouls de l’Ukraine. Je ne peux m’empêcher d’être inquiète pour les gens que j’ai rencontrés », avoue-t-elle.

Impuissante devant les horreurs se déroulant dans ce pays de l’Europe de l’Est, le recrutement d’une adjointe en comptabilité comblerait deux besoins : le premier étant de pourvoir un poste au sein de son équipe, mais surtout, d’avoir le sentiment de pouvoir aider.

De nombreux défis

C’est par l’entremise de Victor James, un consultant pour différentes organisations en Ukraine, dont Harnois Irrigation, que la candidature d’Oleksandra Matveychuk a été repérée.

« Ma conjointe est Ukrainienne, alors j’avais plusieurs contacts, raconte-t-il en anglais entre deux appels conférence. Elle est exceptionnelle. J’avais le choix entre quatre candidates et c’est elle que j’ai choisi. On désirait quelqu’un qui connaissait les bases du travail et qui parle anglais. »

À droite : Danielle Harnois et Oleksandra, à son arrivée à Montréal.

Toutefois, sa venue n’a pas été de tout repos. Danielle Harnois a mentionné que malgré les efforts du Canada pour faciliter la venue des réfugiés ukrainiens, elle a été contrainte de demeurer plus de trois semaines en Pologne après y avoir arrivé en train la nuit à partir de son domicile de Mikolaïv.

Bien que les démarches pour obtenir son visa et son rendez-vous pour ses tests de biométrie se soient bien déroulées, l’affluence de réfugiés pour ces tests a parfois résulté à des situations chaotiques.

Danielle Harnois

Lorsque la situation est tombée à ses oreilles, Mme Harnois a décidé d’envoyer Oleksandra dans une autre ambassade canadienne, afin qu’elle puisse avoir sa biométrie sans se faire bousculer.

Les problèmes se sont poursuivis lors de l’achat de son billet d’avion. Le Canada avait souligné en avril dernier qu’un fonds pour permettre à des Ukrainiens de trouver un vol vers le pays allait être mis sur pied. Toutefois, lors de ses appels pour bénéficier l’escompte, elle n’a jamais réussi à obtenir gain de cause.

Une autre problématique a été l’hébergement. Consciente qu’il n’est pas simple pour personne de dénicher un appartement en pleine crise du logement, Danielle Harnois a fait le tour du village pour lui trouver un toit.

« J’ai trouvé un appartement dans un HLM à Saint-Thomas. En appelant, on m’a dit qu’il y a des normes à respecter, ce que je comprends, mais nous sommes dans une situation exceptionnelle. J’ai demandé une dérogation, mais elle a été refusée », raconte-t-elle.

Danielle Harnois

Après de nombreuses recherches, elle a fini par rencontrer un couple de personnes âgées à proximité de l’entreprise, qui ont ouvert leur cœur et ont accepté de l’accueillir, et ce, malgré le fait qu’il ne désirait plus de locataire.

« On croyait qu’un hébergement à prix modique, dans une municipalité qui contribue pour aider les gens en difficulté, une ouverture aurait pu être possible, mais cela n’a pas été le cas. Mais on comprend, plein de gens attendent, mais le loyer était libre », renchéri celle qui a hébergé l’Ukrainienne quelques jours le temps que le logement soit libre.

Un apport dès son arrivée

Au-delà de sa résilience, Danielle Harnois a été subjuguée par le désir d’apprendre d’Oleksandra. Dès sa première journée de travail, le vendredi 29 avril, moins de 24 heures après avoir posé pied en terre québécoise, elle a fait sentir sa présence au sein de l’équipe.

Maintenant en sol canadien, ses objectifs à court terme est de lui trouver un logement. Toutefois, elle se sent bien appuyé par les organismes de la région, notamment par Sylvain Thibault du CRÉDIL, ainsi que Alain Carmel, qui a ouvert les portes en dehors des heures d’ouverture du Centre d’entraide de Saint-Thomas pour qu’Oleksandra puisse sélectionner quelques items de cuisine.

« Les employés ont également levé des fonds pour elle. La pharmacie de Saint-Thomas a offert gratuitement une trousse de premiers soins de départ. Les gens sont sensibles et généreux face à la situation. »

Danielle Harnois

D’ailleurs, Oleksandra sera interprète pour les Industries Harnois afin de recruter davantage de ressortissants ukrainiens.

« Honnêtement, elle est un cadeau du ciel. Je crois qu’on a trouvé une perle et je suis sûr qu’elle n’est pas la seule en Ukraine »

Danielle Harnois

Pour la principale intéressée, elle se dit reconnaissante envers l’opportunité qui s’offre à elle chez Harnois Irrigation. Après un passage difficile entre l’Ukraine et Saint-Thomas, elle apprécie l’aide obtenue par de nombreuses personnes depuis le début de son aventure.

« Danielle (Harnois) m’a beaucoup aidé pour mon adaptation, et ce, d’une multitude de façons. De l’achat de nourriture jusqu’au transport, en passant par mes tâches au bureau, elle a été  présente à toutes les étapes », avoue-t-elle.

La barrière de la langue est un défi pour elle dans la compréhension de certaines images et textes. « C’est un processus, mais je suis prête à faire ma part, compte tenu de tout ce qu’on a fait pour moi jusqu’à maintenant. Il suffit d’y aller une étape à la fois. J’essaie de comprendre au meilleur de mes capacités. »

« C’est incroyable le support que je reçois. Un m’a apporté des vêtements, tandis qu’une femme a préparé des mets. Tout le monde est très gentil et veut aider à sa façon »

Oleksandra matveychuk

Enfin, si Oleksandra est heureuse au bout de son contrat de travail de trois ans, Danielle Harnois désire ardemment pouvoir la garder le giron de l’entreprise, « mais la décision finale lui revient », conclut-elle.